Le participe passé employé avec « avoir » s’accorde avec l’objet direct placé avant, mais quand celui-ci est « en », le participe reste invariable. Autrement dit, le pronom personnel « en » n’est pas considéré comme un « vrai » objet direct, alors qu’il est bien COD dans cet exemple.
Pourquoi le pronom « en » est-il indigne de commander l’accord du participe passé ? Cela tient sans doute à son origine : issu du latin « inde », il est traité à l’origine comme un adverbe, puis considéré comme un pronom adverbial et aujourd’hui comme un pronom personnel. Les grammairiens du XVIIIe siècle qui ont affiné et multiplié les règles d’accord du participe passé n’avaient pas le sentiment que « en » fût un COD. En outre, on apprend que « en » inclut la préposition « de » qui introduit des COI, non des COD : « je m’en suis soucié » = « je me suis soucié de cela ». Le pronom « en » peut aussi introduire un complément de lieu (« de là ») : « J'en sors La mort Dans l'âme » (Laforgue). Face à la diversité des fonctions du pronom « en », autant décréter l’invariabilité ; cela semble régler le problème. Mais ce faisant, on sépare « en » des autres objets directs « le, la, les ».
Et on constate que dans les usages, il est courant de rencontrer le participe passé accordé, comme avec « les » ou « la » (exemples du « Bon usage », § 946) : « Ses ordres, s’il en a DONNÉS, ne me sont pas parvenus » (Stendhal) – « Une immense muraille telle que les hommes n’en ont jamais CONSTRUITE » (J. Green).
Des subtilités de l’accord du participe passé, on en a souvent rencontré (es).