Avec qui accorder son violon? L’accord du participe passé « entendu » se fait ici suivant la règle générale de l’emploi avec « avoir » : il s’accorde avec le COD « que », placé avant, mis pour « ces violonistes » : « ces violonistes que j’ai entendus jouer ». Mais son fonctionnement est compliqué par la présence d’un infinitif qui le suit. Il faut être un virtuose de l’orthographe pour faire l’accord sans fausse note.
« Le participe passé conjugué avec « avoir » et suivi d’un infinitif (…) s’accorde avec le complément d’objet direct (…) qui précède quand l’être ou l’objet désignés par ce complément font l’action exprimée par l’infinitif » (« Le Bon usage », § 951). Dans notre exemple donc, ce sont bien les violonistes qui jouent. C’est le même accord dans « Je les ai vus partir comme trois hirondelles » (Hugo). Mais si le complément antéposé n’est pas COD du verbe au participe passé, mais de l’infinitif, dont il ne saurait faire l’action, le participe passé ne peut pas s’accorder : « Les airs que j’ai entendu jouer étaient magnifiques». – « La matière que j’ai cherché à pétrir » (M. Barrès). La règle est tellement subtile qu’elle n’est pas toujours suivie à la lettre par les écrivains : « Les contradictions qu’ils ont senti se dresser en eux ou devant eux » (A. Gide). Ils s’accordent avec l’arrêté du 26 février 1901, qui demande de tolérer que le participe passé soit dans ce cas invariable dans les épreuves des «examens ou concours dépendant du Ministère de l’Instruction publique ». Bref, quand la règle devient trop subtile, la faute ne doit pas être sanctionnée