En 1794, an III de la République, on n’aurait pas fêté le nouvel an le 1er janvier (mois de nivôse), car l’année avait commencé le 22 septembre 1793 (1er vendémiaire, mois des vendanges). La Révolution française changea aussi le calendrier, institué par la Convention nationale le 24 octobre 1793 (frimaire an II). L’année républicaine comptait 12 mois de 30 jours, plus 5 jours complémentaires « sans-culottides ». Le poète Fabre d’Eglantine inventa les appellations poétiques des mois républicains, en ajoutant à des radicaux significatifs des suffixes suggestifs rythmant les saisons, de l’automne à l’été : vendémiaire, brumaire, frimaire ; nivôse, pluviôse, ventôse ; germinal, floréal, prairial ; messidor, thermidor, fructidor. Le calendrier républicain fut employé pendant 13 ans : l’an I fut fixé en 1792, date de l’instauration de la République, et le calendrier grégorien fut rétabli le 1er janvier 1806 (an XIV) par Napoléon, arrivé au pouvoir avec le Consulat proclamé après le coup d’état du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Fabre d’Eglantine, qui avait ajouté à son nom celui d’une églantine d’or gagnée aux jeux floraux de Toulouse, est aussi célèbre pour avoir composé la chanson « Il pleut, il pleut bergère... », et aussi pour son activité politique, qui le conduisit à la guillotine en 1794, comme Danton et Robespierre. Placer le début de l’année au 1er janvier n’est pas toujours allé de soi. Dans la Rome archaïque, l’année commençait en mars, au printemps, suivant le rythme des saisons. Cela se manifeste encore dans les noms empruntés au latin des quatre derniers mois de notre année, du septième (septembre) au dixième (décembre). On y reviendra. Bonne année 2020 à toutes et à tous.
Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.