Comme ces deux noms ne diffèrent que par leur syllabe initiale, il arrive que l’on emploie l’un pour l’autre, par dyslexie bénigne. Les noms de ces deux métiers sont apparus en moyen français. « Précepteur » est un emprunt au latin classique « praeceptor ». Il désigne principalement (v. 1460) une personne chargée de l’éducation d’un enfant (le plus souvent d’une famille noble ou riche), hors de l’école. Le féminin « préceptrice » est aussi attesté (1549), mais plus rare. « Percepteur », qui a aussi un féminin « perceptrice », est formé savamment sur le latin « perceptus », participe passé de « percipere » (1432). Son sens unique est « personne chargée de percevoir les impôts », autrement dit agent du fisc. « Percepteur » garde le sens financier de « percipere », qui est aussi porté par « percevoir ». On employa un temps les noms « perceveur » et « perceveuse » (1345), dérivés de « percevoir », nettement distincts de « précepteur, préceptrice ». Combien de temps ira-t-on encore payer ses impôts dans une « perception » (1829), « bureau du percepteur », au moment de la généralisation inéluctable du paiement en ligne ? Pour beaucoup, un « précepteur électronique » sera bien utile.
Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.