Un « totem » est un « animal (quelquefois végétal, et très rarement chose) considéré comme l'ancêtre et par suite le protecteur d'un clan, objet de tabous et de devoirs particuliers » (Petit Robert). Ce terme est emprunté à l’anglais, « totam » ou « totem » (1833), qui l’a emprunté à une langue indienne d’Amérique du Nord de la famille Algonquin. « Le mot désigne l’espèce animale symboliquement prise comme l’ancêtre et le protecteur d’un clan, lui donnant son nom, instituant la parenté et faisant l’objet de tabous. Par métonymie, il désigne la représentation de l’animal choisi pour totem » (« Dict. hist. de la langue frcse »). « Totem » a été analysé par les sociologues (Durkheim) et les psychanalystes (Freud). En anthropologie, « totem » désigne le « mât portant les figures des animaux symboliques des ancêtres d’une tribu » (« Dict. hist. de la langue frcse »). Les scouts ont popularisé la totémisation, empruntée aux Amérindiens, comme une tradition rituelle dans laquelle on attribue à une personne un totem, un nom d'animal (ou de plante) qui reflète son physique ou son caractère, suivi d'un adjectif particularisant. Des célébrités étant passées par le scoutisme ont eu leur totem : celui de l’abbé Pierre était « Castor Méditatif », celui de Roselyne Bachelot « Vison Soyeux » et celui de Jacques Brel « Phoque hilarant ». Le mot « totem » s’est banalisé, devenu synonyme, dans l’usage courant, de fétiche ou porte-bonheur. Un « fétiche » (terme emprunté aux Portugais, 1669) est un « objet auquel on attribue un pouvoir magique et bénéfique » (Petit Robert). C’est bien dans ce sens que les médias et les politiques emploient « totem » en ce début 2023, certains croyant aux pouvoirs magiques de la dictée.
Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.