Pour comprendre cette différence d’écriture et de prononciation, il faut faire un peu d’histoire. Les noms de peuples et d’habitants (et de leur langue) ont été formés à l’aide du suffixe –ois (du latin –« ensem ») ajouté au nom du pays ou de la ville : « France > François » (comme le prénom). Par ailleurs, le français avait une graphie « oi » issue du « é » latin qui se prononçait de trois façons : « ouè, oua, è ». Difficile de s’y retrouver. On prononçait « è », entre autres, les finales des imparfaits et des conditionnels (« il venoit, viendroit »). Mais on a toujours écrit « oi » jusqu’en 1835, date où l’Académie française, a décidé d’écrire « ai » le son « è » pour mieux relier l’orthographe à la prononciation. J’ai entendu des acteurs qui, pour parler comme au 17e siècle, prononçaient les imparfaits de Racine à tort comme « il venouèt » ; j’en souffrois pour eux.
Jusqu’en 1835, les noms de peuples et d’habitants s’écrivaient tous avec « oi » : « un Anglois, un François », ... Ensuite, par des choix arbitraires, les noms sentis les plus usités se sont écrits avec « -ai » : « un Anglais, un Français, un Hollandais, un Marseillais, un Nantais », alors que d’autres continuent de s’écrire « oi » : « un Chinois, un Québécois, un Suédois, un Lillois, un Niçois ». Et la différence d’écriture correspond à une différence de prononciation : « ai » se prononce « è » et « oi » se prononce « oua », comme dans « toi et moi ». Cela donne un petit côté ancien à cette écriture « oi », comme quand on parle des bourgeois, des villageois ou de nos ancêtres les Gaulois.