Chaque année, le mardi gras est le jour du Carnaval. Le mot « carnaval », d’abord « carneval » (1549), est emprunté à l’italien « carnavelo » (XIIIe s.), car on s’y connait en Italie (voir Venise, entre autres). Ce mot est composé de « carne » (‘viande’) et de « levare » (‘lever’). On l’explique soit par le sens « ôter » de « levare » (voir l’anglais « breakfast », « petit déjeuner », qui « rompt le jeûne »), « soit par altération plaisante des formules ‘jejunium levare’, « soutenir un jeûne » ou ‘jejunium levare de carne’, « s’abstenir de « viande » » (« Dictionnaire historique de la langue française »). Comme on mange beaucoup de viande ce jour-là, certains ont analysé « carnaval » en « carn- (‘viande’) + avale » ! Le mot « carnaval » a sans doute signifié d’abord « entrée en carême » puis, vu les ripailles, libations et licences qui ont lieu le mardi gras, « veille de l’entrée en Carême », qui commence sérieusement le lendemain, le mercredi des cendres. Dès le XVIe siècle, « carnaval » désigne la « fête donnée lors de cette période ». Certains carnavals sont célèbres, à Venise, à Nice et à Rio-de Janeiro. En Allemagne, la période de carnaval est l’occasion de fêtes débridées. La date du carnaval varie chaque année, comme la date de Pâques (cette année, le 21 avril) qui permet de fixer le début et la fin du Carême, période de 40 jours de jeûne et d’abstinence pour les chrétiens entre mardi gras et Pâques (le mot « carême » vient d’une altération de l’adjectif ordinal latin « quadragesima (dies) » qui signifie « quarantième »). Mais il ne s’agit pas, bien sûr, de mettre les carnavaliers en quarantaine.
Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.