Le XVIe siècle connait un grand foisonnement linguistique : l’usage de la « langue du Roy » se répand au détriment du latin et son vocabulaire s’enrichit par la néologie. La « Deffense et illustration de la langue françoyse » de Joachim Du Bellay, publiée voilà 470 ans en 1549 en tête du recueil poétique « L’Olive », qui extrait l’huile pétrarquiste par une première pression à froid, illustre bien les préoccupations des écrivains de la Renaissance et les enjeux linguistiques de leurs poèmes. Ce petit traité de théorie littéraire s’inspire du « Dialogue des langues » de Sperone Speroni qui confronte la langue toscane, source de l’italien, aux langues anciennes. Du Bellay veut « défendre le français contre les latiniseurs et helléniseurs qui le méprisent en lui-même, comme s’il était incapable de ‘bonnes lettres et érudition’ ; l’illustrer en imitant les Anciens pour les égaler ou les surpasser » (J. Chaurand, « Histoire de la langue française », PUF, « Que sais-je ? »). Les efforts portent sur l’introduction de nouvelles formes littéraires, notamment le sonnet. Pour enrichir le vocabulaire, Du Bellay propose la création de mots nouveaux par tous les moyens, tout en restant marqué par la langue latine (relatinisations). L’enrichissement du vocabulaire caractérise la Renaissance. Il se manifeste en particulier chez Du Bellay et les poètes de la Pléiade, notamment Ronsard qui invente de nombreux mots, avec un goût marqué pour les diminutifs : « Ma maîtresse est toute angelette, / Toute belle fleur nouvelette, / Toute mon gracieux accueil, Toute ma petite brunette, / Toute ma douce mignonnette, / Toute mon cœur, toute mon œil. » Ainsi donc, les écrivains de la Renaissance, en particulier les poètes, ont contribué à un bel enrichissement de la langue française.
Jean-Christophe Pellat
Jean-Christophe Pellat est professeur émérite de linguistique française à l’Université de Strasbourg, où il a enseigné en Licence, Master et dans les préparations au CAPES et aux agrégations de Lettres. Spécialiste de grammaire et orthographe françaises (histoire, description, didactique), il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, dernière éd. 2016) et de diverses grammaires scolaires. Dans ses travaux sur la didactique de la grammaire en FLE et FLM, il s’attache à l’adaptation des notions aux différents publics concernés.