« Maître » et « ministre » viennent de deux noms latins opposés.
« Magister », « chef, maître », qui a évincé le classique « dominus », « maître de maison », désignait un supérieur dans tous les domaines (armée, marine, …). En français, le nom « maître » (milieu XIIe s.) « se réfère à celui qui a autorité sur d’autres dans quelque domaine que ce soit » (« Dict. hist. de la langue française »), comme « magister ». Remarquons en passant que le « pédagogue » était autrefois au service du maître. Ce mot signifiait à l’origine en grec « esclave chargé de conduire les enfants à l’école ».
« Ministre » est emprunté (v. 1120) au latin « minister », « formé d’après “magister” auquel il s’oppose, comme “serviteur” s’oppose à “maître” » (« Dict. hist. de la langue française »). « Minister » désigne un serviteur, un domestique (la racine « mini » désigne la petitesse). Mais dès le XVIe s., le ministre monte en grade dans le domaine politique, désignant le conseiller du roi, puis un membre important du pouvoir exécutif (1611). La hiérarchie s’inverse donc.
Aujourd’hui, à l’école, c’est le ministre qui donne ses instructions aux maîtres. La « tenue » du maître d’école a évolué dans le temps, portant ou non le chapeau sur son « i » (accent circonflexe supprimé dans les Rectifications orthographiques de 1990) selon les programmes et les ministres…
Jean-Christophe Pellat est professeur de Linguistique française à l’Université Marc Bloch – Strasbourg 2.
Ses enseignements et ses recherches portent sur la grammaire et l’orthographe françaises, dans leurs dimensions historiques, descriptives et didactiques. Il est co-auteur d’un ouvrage universitaire de référence, Grammaire méthodique du français (PUF, 1994).
En complément de ses activités en France, il est responsable de différentes actions d'enseignement du français en collaboration avec des universités étrangères, notamment en Azerbaïdjan, en Iran et aux États-Unis.