À l’origine, le latin « hodie » (agglutination de « hoc die », « ce jour ») a donné l’adverbe français « hui » (980), employé en ancien français et encore au XVIIe siècle : « Ce n’est pas d’hui que ce proverbe court. » (J. de La Fontaine)
Dès le XIIe siècle, on rencontre les renforcements « le jour d’hui » ou « au jour d’hui », proprement « le jour où l’on est », avec une valeur déictique (ce jour), qui aboutit au figement « aujourd’hui », qui s’oppose à « hier » et à « demain ». Le maintien de l’apostrophe marque le figement partiel du mot, comme dans « presqu’île ». « Hier n'existait pas pour elle ; elle vivait dans la plénitude d'aujourd'hui. » (V. Hugo, « Les Travailleurs de la mer »)
L’adverbe « aujourd’hui » peut aussi être employé comme nom : « Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui... » (S. Mallarmé). Aujourd’hui, on rencontre « Au jour d’aujourd’hui », qui « exprime trois fois l’idée de “jour”. On le trouve parfois dans la langue littéraire » (« Bon usage », § 1005 c) : « Madame aurait aimé Régis jusqu’à sa mort, jusqu’au jour d’aujourd’hui » (E. Triolet). Pléonasme ou pas, suivons le conseil de Ronsard : « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ; Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie ». (« Sonnets pour Hélène »)