La faute d’orthographe « soit disant » repose sur la confusion entre « soi » (pronom) et « soit » (subjonctif du verbe « être »). Cette faute révèle une ignorance de l’analyse de la locution, qui est prise en bloc, sans que le pronom « soi » soit identifié, peut-être sous l’influence de certains emplois de « soit », notamment seul, au sens de « admettons, je veux dire ».
La question de l’emploi est plus intéressante. « Soi-disant », employé comme adjectif ou adverbe, associe la forme tonique du pronom réfléchi, « soi », et le participe présent « disant », qui signifie « qui se dit, se prétend tel » (Petit Robert). Logiquement, « soi-disant », « ne doit s’appliquer qu’aux êtres doués de la parole et capables, en conséquence, de se dire » (mise en garde de l’Académie, citée par « Le Bon usage », § 665) : il se contenta d’interrompre doucement la soi-disant comtesse. (A. Daudet, Jack).
On ne peut donc pas employer « soi-disant » quand le nom désigne une chose. Pourtant, avec l’oubli de l’origine de « soi-disant », on tend à l’employer dès le XVIIIe siècle à propos de choses, comme l’Académie elle-même : « Une soi-disant expérience » (1932, supprimé en 1990). Les défenseurs de la tradition préconisent d’employer « prétendu » : La prétendue porcelaine opaque n'était porcelaine que de nom. (Al. Brongniart). Ce n’est donc pas encore un « soi-disant défaut » (M. Barrès).