La distinction linguistique entre le singulier et le pluriel repose sur le dénombrement des unités, marqué par les déterminants pluriels ou numéraux : un nom au pluriel peut recevoir un déterminant numéral d’une valeur égale ou supérieure à deux (« deux, plusieurs ratons-laveurs »). Cependant, en français et dans d’autres langues, il existe des discordances entre le nombre morphologique et le dénombrement des entités désignées par le nom. Les noms collectifs, au singulier, dénotent une pluralité d’individus (« une forêt, un bouquet, un troupeau »). Inversement, les noms seulement pluriels, dits « pluralia tantum » (« obsèques, épinards », ...), n’ont pas de singulier. Mettons nos lunettes pour les examiner de plus près.
Les noms seulement pluriels « renvoient tous à des entités nettement individualisées mais conçues comme composées d’éléments distincts, leur pluriel grammatical évoquant la pluralité interne de leurs référents » (« Grammaire méthodique du français », p. 332). Ces noms constituent un ensemble hétérogène. Certains manifestent bien une pluralité interne d’individus, comme « déchets, ossements, viscères, vivres », mais dans une visée collective homogénéisante. D’autres « concernent des ensembles vagues dans lesquels on serait bien en peine d’identifier des unités (« armoiries, entrailles, environs, funérailles ») » (« Le bon usage », § 508). Ces noms appartiennent à des domaines variés : aliments (« épinards, rillettes »), jeux (« échecs, dames »), activités humaines (« funérailles, loisirs, mœurs, ... »), ... Plus largement, on ajoute à cette liste des noms qui ont aussi un singulier, avec un sens différent, qui permet de les individualiser (« une donnée, un loisir, un vestige », ...). Les noms pluriels « duels » sont remarquables : ils désignent des paires d’objets et ont « un correspondant singulier qui désigne un objet composite analogue » (GMF, p. 332) : « ciseaux, lunettes, menottes, pincettes, tenailles, ... ». Paradoxalement, certains de ces noms, tout en étant pluriels, peuvent être individualisés et s’employer avec un déterminant qui indique une pluralité externe, comme « plusieurs, deux lunettes ». A côté des noms communs, des noms propres de lieux ne s’emploient qu’au pluriel : « les Antilles, les Baléares, les Cévennes, les Vosges, ... » (« Le bon usage », § 508b).
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